Lorsqu’on borde une coque, on est amené à tracer la forme de chaque bordé : ce sont des pièces courbes, avec une largeur qui évolue tout au long de la carène. La forme d’un bordé à plat peut ressembler à une banane voire même à un “s”.
On vient de voir Lucas tracer sa préceinte à partir des mesures données sur ses plans, mais pour beaucoup de plans c’est au constructeur de déterminer la forme de chaque bordé. Comme toujours il y a plusieurs façons de procéder, je vais montrer celle que j’avais utilisée lors de la construction d’Emma.
Pour commencer, à l’aide de petites lattes on divise la coque en autant de bordés qu’on estime nécessaire : en fonction de la largeur des planches disponibles si on construit en bois massif, en fonction de l’esthétisme recherchée, en fonction aussi de la courbure des bouchains. On note sur les couples la place de chaque latte.
Les lattes doivent être de section presque carrée pour bien adopter les courbes dans deux plans différents, et d’une épaisseur sensiblement la même que le bois ou le contreplaqué des bordés pour avoir la même courbure que les clins définitifs. Il faut veiller à choisir des lattes le plus droit de fil possible, sans nœuds, pour que la courbure soit la plus harmonieuse possible.
Habituellement la préceinte (le bordé le plus haut) est plus large, les bordés proches du bouchain sont plus fins pour suivre la courbure. Les autres ont à peu près la même largeur.
Ensuite on fixe sur ces lattes des petites piges pour fixer l’écartement tout au long de la coque. Une petite cale contre la râblure détermine la forme de l’extrémité.
On peut maintenant détacher l’échelle ainsi formée, la forme du bordé est conservée et il ne reste plus qu’à la reporter sur la planche définitive.
Une autre façon de déterminer la forme d’un bordé est la technique traditionnelle de la latte et du compas (que je vous présenterai plus tard), mais je n’avais pas réussi à atteindre une précision suffisante. Avec la “technique de l’échelle” le bordé se posait parfaitement sur les couples !