Pourquoi restaurer ? La suite !

Cette fois c’est Marlin qui nous explique comment il s’est engagé dans la démarche de restauration, pour sauver un Pilote de 1972 du chantier Paraveau, une construction classique de 8,5×2,8m avec un moteur Perkins 4236 de 90cv,  à l’abandon complet depuis plus de 5 ans.

Je ne peux pas dire pourquoi on restaure un bateau en général, car pour moi, qui suis quand même engagé dans cette affaire, ça m’est tombé dessus comme un coup de foudre. Avec lucidité, j’ai lutté contre cet attachement immédiat pendant un an et demi, avant de succomber à ma troisième velléité d’achat.

– J’avais au fond, un goût inexplicable pour le bois, les bateaux et d’autres choses, qui s’est développé au fil des années avec le travail du bois en autodidacte dans un atelier de menuiserie équipé progressivement.

– L’idée d’un bateau fut un refuge mental, une pensée agréable pour mieux supporter les dernières années d’activité professionnelle, « Je mets des sous de côté pour m’acheter un bateau à la retraite ».

– J’avais eu un début de satisfaction de la pulsion marine avortée pour des raisons familiales et géographiques après 8 ans de restauration d’un Armagnac (Ph Harlé) pendant les vacances et 2 ans d’utilisation. Il navigue encore en Bretagne.

– La deuxième satisfaction fut la construction d’un tiKnot pour profiter du temps libéré par l’autonomie des enfants, justifier un équipement supérieur à mes besoins, un bon stock de bois accumulé, et faire un Optimiste amélioré pour d’éventuels petits-enfants.
C’est en cherchant un plan que je suis arrivé sur le site Bateau-Bois. J’ai tout de suite été séduit par ce tiKnot, sa carène et sa construction alliant le moderne à l’ancien, le CP époxy aux clins, aux membrures étuvées, au rivetage en cuivre… Séduit aussi par l’existence d’un site dédié aux bateaux en bois, la qualité des plans, la générosité d’Alien, sans rencontrer le forum où je n’ai pas su m’inscrire…

– La troisième se fit lors d’une rencontre fortuite avec le destin sous forme d’une « caisse à boulons », délabrée et abandonnée au fond d’un port. Cette fois, le forum a eu un rôle déterminant. Sans lien avec cette communauté, je ne me serais pas lancé, canot trop gros, conscience de mes limites ou j’aurais abandonné depuis sous un prétexte ou un autre. Mais j’avais déjà trop lu de messages, je ne pouvais plus m’arrêter. Inconscient mais confiant, désireux de me coltiner à quelque chose qui me dépasse, de pousser plus loin l’expérience du tiKnot, et de découvrir les techniques de la construction navale traditionnelle, qui ne se trouvent pas dans les livres mais sur le terrain en observant, démontant, refaisant et en échangeant avec ceux qui savent et veulent bien transmettre. Reconnaissance éternelle.

– L’usage et la navigation, sont pour moi secondaires. J’ai bien envie d’explorer mon coin de côte avec amis et famille, d’aller à la pêche, de faire du fluvial, mais c’est abstrait. J’ai passé le permis côtier en un week-end et tout oublié depuis.

– Je suis content aussi d’éviter provisoirement le gâchis de notre modernité qui met à la casse de beaux bateaux en bois mais je crois que c’est reculer pour mieux sauter, qu’il sera invendable et une charge pour mes héritiers s’il ne coule pas avant moi. Nous avons tous un triste exemple en tête.

Marlin

 

« Je me suis tout d’abord acharné à découvrir des motifs précis aux navigations hasardeuses qui font l’objet de ce livre.(…) J’aurais pu me douter également que ce genre d’aventure n’avait, de par son principe,ni rime ni raison, ni utilité quelconque, si ce n’est mon bon plaisir. »
Marin Marie / Vent dessus Vent dedans.